Le Sang et la Vie, la Loi et l'Amour


La Loi écrite mène à la mort, l'Esprit, par contre, crée la vie. 2 Corinthiens 3:6 Kuen

Ce dont il est question à présent n'a en aucune façon pour but de laisser entendre que l'utilisation du sang est une pratique qui n'entraîne pas de risques importants. Que de tels risques soient une réalité, cela n'est tout simplement pas contestable. Il n'est également en aucun cas dans mon intention de suggérer qu'une personne qui, pour des raisons strictement religieuses, choisit librement de refuser toute transfusion (ou quelque composant ou élément sanguin que ce soit agit de manière inconsidérée. Même des choix qui ne sont pas critiquables en eux même deviennent condamnables s'ils sont faits avec mauvaise conscience. Ainsi l'âpotre déclare: "Heureux l'homme qui ne se met pas lui-même en jugement par ce qu'il approuve!...tout ce qui n'est pas fait par toi est péché." Que, au regard des faits et des évidences que j'expose dans ce chapitre,certains scupules à l'égard du sang soient le signe d'une conscience faible ou bien d'une conscience forte, je laisse au lecteur le soin d'en juger.

Quoi qu'il en soit, on ne devrait jamais sous-estimer la gravité de la responsabilité que prend une organisation en imposant à la conscience des personnes, ses vues à l'égard d'un sujet aussi crucial. Ce qui est arrivé par le fait de la société Watch Tower, en rapport avec la question du sang, illustre avec force à quel point le légalisme peut amener une organisation à se perdre dans un fatras d'incohérences, et cela démontre aussi que les membres d'une telle organisation peuvent avoir à souffrir des diverses conséquences malheureuses qui résultent de cette situation.

A l'origine, c'est à dire vers la fin des années 1940, l'organisation prononça un interdit catégorique contre l'utilisation du sang sous toutes ses formes, c'est à dire totale ou fractionnée. Ensuite, au fil des années, elle rajouta de nouvelles prescriptions qui prirent en compte de plus en plus d'aspects techniques du probléme. Le tableau ci-dessous présente de façon simple, ce qu'est la position actuelle de l'organisation à l'égard de l'utilisation du sang

Les composants sanguins et la conscience TJ
Composant sanguins interdits et pratiques défendues Composants sanguin acceptés et pratiques autorisés
Le sang total L'albumine
Le plasma Les immunoglobines
Les globules blancs (leucocytes) Les préparations pour hemophiles (facteur VIII et IX)
Les globules rouges  
Les plaquettes  
Le stockage du propre sang du patient afin que celui-ci puisse lui être restitué lors d'une transfusion ultérieur La dérivation du sang du patient au-travers d'une machine "coeur-poumon", ou toute autre dérivation durant laquelle la "circulation extracorporelle demeure ininterrompue

Actuellement l'organisation sépare les différents composants sanguins en deux catégories: les composants "essentiels" et les composants "secondaires" (c'est le résutat de cette séparation qui est présenté dans le tableau ci-dessus). Ce classement par catégories illustre en lui-même la nature arbitraire et l'incohérence de telles normes. Comment Dieu a-t-il accordé aux hommes le droit d'opérer une telle séparation? Sur quelle base opérent-ils cette séparation est-ce simplement sur la base du pourcentage de chacun des composants par rapport au sang total, et s'il en est ainsi, à quel niveau de pourcentage se situe la ligne de partage entre la catégorie "essentielle" et la catégorie "secondaire"? Ou bien procédent-ils à cette séparation en définissant dans quelle mesure est vital le rôle que joue chaque composant? S'il en est ainsi, comment évaluent-ils et déterminent-ils l'importance toute relative de ce rôle?

Comme le fit observer un jour l'ancien chef du propre personnel médical du siège central de la Watch Tower, qui était médecin et chirurgien: "Comment pouvez-vous affirmer que tel composant est "essentiél" et que tel autre est "secondaire"? Si une personne a besoin d'un composant sanguin spécifique pour sauver sa vie, alors pour cette personne ce composant est "essentiel". Mais en fait, l'incohérence de tout ceci va beaucoup, beaucoup plus loin. Aprés qu'on lui ait posé la question de savoir pourquoi elle n'interdisait pas l'utilisation de tous les composants sanguins, la société Watch Tower expliqua que son changement de politique qui rendait possible l'utilisation de certains composants (voir tableau ci-dessus), se justifiait par le fait que ceux-ci sont utilisés en très "petite quantité", et qu'à cause de cela ils relévent du domaine de la conscience individuelle. Toutefois, en y regardant de plus prés, on trouve la démonstration évidente de ce qui s'avére être, soit de l'ignorance, soit une volonté d'occulter les faits, des faits tellement éloquents qu'ils font apparaître à quel point la position de l'organisation est dénuée de sens. Considérez ce qui suit:

Les discours énergiques tenus par la Watch Tower à l'encontre de l'utilisation du sang total, s'avèrent être très impressionnants pour beaucoup de témoins. En fait, bien que de telles transfusions furent courantes dans les années 1950 et 1960, elles sont devenues aujourd'hui particulièrement rares. Dans la plupart des cas, maintenant, le patient ne reçoit que le composant spécifique dont il a besoin. L'essentiel du sang collecté est immédiatement fractionné en ses multiples composants (plasma, leucocytes, érythrocytes (globules rouges), etc...). Ceux-ci sont stockés en vue d'une utilisation ultérieure. La plupart seront directement acheminés vers les services médicaux. Ainsi donc, dans la grande majorité des cas, quand un Témoin est confronté au problème de la transfusion, ce n'est pas l'utilisation du sang total qui est en question mais celle d'un composant sanguin bien précis.

L'incohérence de la politique de la Watch Tower à l'égard des composants qu'elle déclare tantôt acceptables ou tantôt inacceptables, est tout à fait bien illustrée par sa prise de position vis-à-vis du plasma. Comme on peut le voir à l'aide de ce croquis tiré du périodique réveilllez-vous du 22 octobre 1990, le plasma constitue 55 pour cent du volume total du sang. Et c'est de toute évidence à cause du volume qu'il représente, qu'il est rangé dans la catégorie des "composants essentiels" interdits par la Watch Tower. Pourtant le plasma est, en réalité, constitué de plus de 93 pour cent d'eau. Quels sont les composants de ce qui constitue, approximativement, les 7 pour cent restants? Ce sont principalement, l'albumine, les globulines (dont les immunoglobines forment la part la plus importante), les fibrinogènes et les facteurs de coagulation (utilisés dans les préparations pour hémophiles)

Ce sont là, précisément, les composants que l'organisation classifie comme étant acceptables par ses membres! Le plasma est interdit, pourtant ses principaux composants ont autorisés --- pourvu qu'ils soient introduits dans le corps, séparément. Comme quelqu'un le fit observer, c'est comme si un docteur demandait à une personne de cesser de manger des sandwichs au jambon et au fromage et qu'il dise ensuite à cette personne qu'elle a le droit de désassembler le sandwich et de manger séparément le pain, le jambon et le fromage, mais pas sous forme de sandwich

Les leucocytes, qui sont fréquemment appelés "globules blancs" sont également interdits. Toutefois, il faut savoir que même si, le plus souvent, l'on associe spontanément le terme "globules blancs" à la notion de sang, cela donne une idée plutôt inexacte de la réalité. Ceci parce que la grande majorité des leucocytes qui existent dans le corps humain se trouvent à l'extérieur du liquide sanguin. Le corps humain contient approximativement entre 2 et 3 kilos de leucocytes et seulement 2 à 3 pour cent, environ, d'entre eux se trouvent dans le sang lui-même. Les autres 97-98 pour cent sont disséminés dans les tissus du corps et constituent sa défense, son "système immunitaire"

Cela veut dire qu'une personne qui est l'objet d'une transplantation d'organe, recevra de ce fait, davantage de leucocytes étranger que si elle avait accepté une transfusion sanguine. Etant donné que l'organisation Watch Tower autorise maintenant les transplantations d'organes, sa prise de position inflexible contre les leucocytes, tout en autorisant d'autres composants sanguins, s'avère être dénuée de tout sens. Cette position ne peut être défendue que par des raisonnements compliqués et assurément pas en faisant appel, ni à des critères moraux, ni à des arguments rationnels ou logiques. La séparation arbitraire du sang en deux catégories de composants, ceux dit "essentiels" et ceux dit "secondaires", ne repose également sur aucune base solide. De toute évidence, si l'organisation interdit le plasma bien qu'il soit principalement constitué d'eau, c'est parce que son volume représente 55% du volume sanguin total, pourtant elle interdit également les leucocytes qui, comme le montre le croquis de Réveillez-vous! ne constituent environ qu'un dixième d'un pour cent (.001) du sang!

L'absence de base morale ou logique en faveur d'une telle prise de position transparaît aussi dans le fait que le lait humain contient des leucocytes, bien plus de leucocytes, en fait, que dans la même quantité de sang. Le sang contient, à peu près, entre 4000 et 11000 leucocytes par millimètre cube, tandis que durant les premiers mois de lactation, le lait maternel peut contenir jusqu'à plus de 50.000 leucocytes par millimètre cube. Ce qui veut dire de cinq à douze fois plus que le même volume de sang! Il ne reste plus, maintenant, sur la liste des composants interdits, que les erythrocytes (globules rouges) et les plaquettes. Qu'en est-ilà présent des composants autorisés?

Un point essentiel qu'il est important de garder à l'esprit, c'est que l'argumentation de l'organisation Watch Tower cherche une grande part de sa justification dans l'ordonnance de la loi Mosaïque qui commande de verser à terre le sang des animaux abattus, cette ordonnance servant à légitimer l'opposition de l'organisation à toute conservation de sang humain. Il faut se souvenir également que l'organisation affirme que les composants sanguins qu'elle autorise ne constituent qu'une quantitée négligeable de sang. Aussi, considérons à présent ce qu'il advient de ces prises de position à la lumière de ce que l'on connaît des composants autorisés par l'organisation:

L'un d'entre eux est l'albumine. Les albumines sont principalement utilisées pour traiter les brulures et les hémorragies importantes. Une personne qui est brulée au troisième degré sur 30 à 50 pour cent de son corps, a besoin d'environ 600 grammes d'albumine. La politique de la Watch Tower autorise ces soins. De combien de sang a-t-on besoin pour pouvoir en extraire cette quantité d'albumine ? De 10 à 15 litres de sang sont nécessaires pour obtenir ce résultat. On peut difficilement estimer que c'est là une "petite quantité". Il est également évident que le sang utilisé en de telles circonstances provient de stocks de sang et que celui-ci n'a donc pas été "versé à terre."

La situation est identique en ce qui concerne les imminoblobulines (gamma globulines). Pour produire en quantité suffisante les gamma globulines indispensables à une seule injection par seringue (par exemple, lors d'une vaccination dont peuvent avoir besoin, pour se protéger du choléra, des Témoins de Jéhovah qui voyagent dans certains pays du Sud) prés de trois litres de sang sont nécessaires. Cela représente encore plus de sang qu'on en utilise lors d'une transfusion sanguine ordinaire. Et. à nouveau, les gammas globulines sont obtenues à partir de Sang stocké, celui-ci n'ayant toujours pas été "versé à terre."

Restent les préparations pour hémophiles (facteur VIII et IX). A l'époque ou ces préparations n'existaient pas encore, par exemple dans les années 1940, la durée moyenne de vie d'un hémophile était de 16 ans et demi. Aujourd'hui, grâce à ces préparations dérivées du sang, un hémophile peut espérer une durée de vie normale. Pour pouvoir produire les préparations qui permettent à un hémophile de rester en vie durant tout ce temps, on estime que 100 000 litres de sang sont nécessaires. Même si les préparations pour hémophiles ne représente en elles-mêmes, qu'une fraction de ce total, ne peut-on se demander comment il est possible, eu égard à leur provenance qu'on puisse considérer qu'elles ne concernent qu'une "petite quantité" de sang?

De toute évidence, l'utilisation de chacun de ces composants nécessite qu'on emmagasine de grande et même d'énormes quantités de sang. D'un côté, l'organisation Watch Tower autorise l'utilisation de ces composants sanguins - et par conséquent le stockage indispensable aux processus de fabrication - toutefois, d'un autre côté, elle déclare qu'elle est opposée à toute conservation du sang, celle-ci étant condamnée par la Bible. C'est là, la seul raison qu'elle donne pour interdire à un Témoin de Jéhovah, l'usage autologue du sang (c'est à dire la mise en réserve du sang d'une personne pour que celui-ci puisse par la suite lui être restitué pendant ou après une intervention chirurgicale). Ces prises de position sont manifestement arbitraires, incohérentes et contradictoires. Il est difficile de croire que ceux qui, par la parole et l'écriture, s'évertuent à justifier et à défendre de telles positions, sont tellement ignorants des faits qu'ils ne peuvent apercevoir l'incohérence et l'arbitraire dont ils font preuve. Pourtant ce serait là, la seule explication qui puisse éviter à cette politique d'être également qualifiée de malhonnête.

Fixer des directives en matière de santé et de traitement médical, interdire ceci et permettre cela, signifie avancer en terrain dangereux. On peut soit commettre l'erreur de créer un sentiment de crainte irrationnelle, ou soit générer une sensation de sécurité trompeuse. L'attitude la plus sage et la plus humble est celle qui consiste à laisser de telles responsabilités, là ou il est légitime qu'elles s'exercent en tout premier lieu, c'est à dire sur le terrain de la conscience individuelle.

Les articles de la Watch Tower qui traitent de la question du sang soulignent la position "inflexible" de l'organisation à cet égard; ils font régulièrement l'éloge de la politique adoptée et la présente comme le rempart qui protège la santé et la vie des membres de l'organisation. Mais il arrive rarement, pour ne pas dire jamais, que ces articles publient des informations qui sont défavorables à cette politique ou qu'ils évoquent les circonstances ou sont contredits les prétendus mérites de cette même politique.

De récents articles affirment que, grâce à sa politique, l'organisation a fourni à ses membres une protection contre le SIDA. On trouve cette déclaration dans le numéro de Réveillez-vous! du 8 octobre 1988. Le même article (page 11) fait remarquer que "la plupart des 10.000 Américains victimes d'une grave hémophilie, avaient été infectés par le virus du SIDA, dès le début de l'année 1985" Le numéro de Réveillez-vous du 22 octobre 1990 (page 8) actualisa cette information et déclara: "Les hémophiles, qui pour la plupart sont soignés avec un agent coagulant extrait du plasma, ont payé un lourd tribut au SIDA. Aux Etats-Unis, 60 à 90 pour cent d'entre eux l'ont contracté avant que l'on commence à purifier systématiquement le produit du VIH, en le chauffant. De la même façon, un article de la Watchtower du 15 juin 1985 qui s'intitulait "la Grande-Bretagne, le Sang et le SIDA", déclarait à la page 30 que "quelques 70 millions d'unités de Facteur VIII concentr2" avaient été importés des Etats-Unis pour traiter les hémophiles Britanniques, et l'article poursuivait ainsi: "Il semble qu'en important ce produit sanguin, on ait transmis le virus du SIDA aux stocks Britanniques."

Bien que tous ces articles ne tarissent pas d'éloges sur le pouvoir protecteur de la politique de l'organisation à l'égard du sang, il est toutefois une chose que ceux-ci omettent de faire remarquer à leurs lecteurs, c'est que tous ces hémophiles ainsi contaminés, l'ont ete essentiellement par la faute d'un produit sanguin dont Ia.société Watchtower avait officiellement autorisé l'utilisation. C'est à dire les préparations pour hémophiles Facteur VIII qui sont extraites du plasma! Comme le montre les pages 7 et 8 du numéro du 22 octobre 1990 de Réveillez-vous, certains problèmes de contamination par le SIDA survinrent également à l'occasion de "greffes de tissus" qui, de la même manière, avait été déclarées "acceptables" par l'organisation.

Tout cela illustre à quel point peuvent s'avérer à la fois insensées et profondément préjudiciables les prises de position d'une organisation qui prétend avoir sagesse et droit divin pour se lancer dans la mise en place d'un assortiment compliqué de prescriptions et de distinctions techniques, et qui ensuite impose à ses membres de considérer ces dernières comme autant de règles morales incontournables, cette organisation décidant à la place des personnes, en quelles occasions et dans quelles circonstances telle situation relève ou non de la conscience individuelle.

Le risque inhérent à une transfusion sanguine ou à toute injection d'un composant sanguin est réel. Mais, en même temps, il est également exact qu'une personne admise en chirurgie peut mourir d'une hémorragie massive. La pratique consistant à utiliser son propre sang, celui-ci étant stocké jusqu'à l'intervention chirurgicale, devrait logiquement s'adresser à des personnes qui sont exposées au risque de contamination par le sang. Pourtant, comme nous l'avons vu, l'organisation s'arroge le droit de décréter que cet acte médical ne relève pas du domaine de l'appréciation personnelle, et elle interdit même un stockage de sang "intra-opératoire" (ce qui consiste à mettre de côté, durant l'intervention, une certaine quantité du sang du patient, avant de la lui restituer, plus tard, au cours de l'opération)

Et des centaines de milliers de personnes, en un domaine aussi crucial, sont disposées à renoncer à leur droit de décider par elles-mêmes, elles permettent à une organisation de décider à leur place, quand bien même c'est l'histoire entière de cette organisation qui témoigne de la mauvaise volonté que met cette dernière à reconnaître la responsabilité qu'elle porte à l'égard des préjudices que ses prises de position peuvent entraîner. Ces personnes ne sont presque exclusivement nourries que des déclarations et des différents cas qui confortent les positions de l'organisation, et il n'arrive que très rarement, Si tant est que cela arrive jamais, qu'on leur fasse connaître les aspects négatifs de ces prises de position.

Considérez ce seul exemple qui est tiré d'un article du magazine "Discover" d'août 1988. Une femme qui était Témoin de Jéhovah avait été, à partir de l'âge de quarante deux ans, plusieurs fois opérée sur une période de plusieurs années, ceci afin de subir l'ablation d'une tumeur récurrente de la vessie. Il apparut, lors de cette dernière crise, qu'elle avait trop attendue pour consulter son médecin, elle saignait abondamment et était gravement anémiée. Elle insista pour n'être l'objet d'aucune transfusion sanguine et sa requête fut respectée. Pendant toute une semaine les urologues essayèrent, sans succès, de stopper l'hémorragie. Son volume sanguin continua à chuter. La doctoresse qui est l'auteur de cet article, raconte ce qui se passa ensuite:

Plus le volume sanguin de Melle Peyton chutait et plus elle avait de difficulté pour respirer. Les organes du corps ont besoin d'une certaine quantité d'oxygène pour fonctionner. Cet oxygène est transporté des poumons à la périphérie par les molécules d'hémoglobines qui se trouvent dans les globules rouges au moyen d'un masque, l'équipe médicale donna à Melle Peyton un supplément d'oxygène, jusqu a ce qu'elle ne respire pratiquement plus que du pur 02. Les quelques globules rouges qu'elle possédait encore en était pleinement chargées, mais il ne restait tout simplement plus assez de véhicules pour transporter le carburant que son corps réclamait. Son besoin impératif d'air augmenta. Son rythme respiratoire s'accéléra. Elle s'affaiblit de plus en plus et finalement et de façon inévitable, apparurent les signes indiquant que les fibres musculaires de son coeur avaient un besoin désespéré d'oxygène. Elle commença alors à souffrir d'une intense et oppressante douleur thoracique.

La femme médecin qui écrit cet article fait part des sentiments qui l'assaillirent à son arrivée dans la chambre de la patiente:

Alors que je pénétrais dans la chambre je restais stupéfaite devant la scène qui s'offrait à moi. Au centre de l'attention de tous, se trouvait une femme corpulente qui portait un masque à oxygène, elle était en train de suffoquer et respirait plus vite que ce qui semblait humainement possible. A la tête du lit se tenaient trois amis à elle, qui étaient aussi ses compagnons d'église (des témoins), ceux-ci la soutenaient. A ses côtés il y avait plusieurs médecins, l'un d'eux surveillait sa pression sanguine qui allait diminuant, un autre s'efforçait d'obtenir un peu de sang d'une de ses artères. Le liquide qui remplissait lentement la seringue avait la consistance du Punch Hawaïen. Des analyses révélèrent que son taux de globules rouges n'était que de 9 (il aurait dû être de 40 pour être normal). Une poche d'urine rouge cerise était suspendue au montant du lit. Cette femme était en train de mourir. On pouvait apercevoir sur la bande papier de son cardiogramme, les profondes vallées qui sont l'expression d'un coeur à l'agonie. Ce n'était plus qu'une question d'heures avant que les dégâts qu'elles laissaient entrevoir ne deviennent irréversibles.

Cette femme eut un arrêt cardiaque. Une équipe de médecins et d'infirmières commença une réanimation cardio-respiratoire, ils lui injectèrent de l'adrénaline et de l'atropine puis essayèrent de faire repartir le coeur au moyen d'un électrochoc. Celui-ci se mit à battre un peu puis s'arrêta de nouveau. On essaya une fois de plus la réanimation, l'adrénaline et I'atropine puis un autre électrochoc, puis encore une autre réanimation. Cela continua ainsi pendant une heure, jusqu'à ce qu'il n'y ait plus aucun espoir et que tout effort soit devenu inutile. La patiente était décédée, rien n'avait pu la sauver. La doctoresse qui rapporta ces faits ne dépeignit pas cette femme sous les traits d'une simple fanatique. Elle écrivit ceci:

On me dit que c'était une femme intelligente, qui avait parfaitement compris les possibles conséquences de sa décision. Toutefois, il me semblait qu'en la circonstance, sa foi lui avait attaché un bandeau sur les yeux.

Voilà une femme qui souffrait d'un problème de santé récurrent, celui-ci nécessitant une intervention chirurgicale devant être renouvelée périodiquement. Sachant cela, cette personne aurait très bien pu considérer que la méthode consistant à stocker un peu de son propre sang, était appropriée et sûre.

Cependant, la "loi Théocratique" lui interdisait toute possibilité en ce sens. L'obéissance à la "loi Théocratique" ne lui laissait, en l'occurrence, aucune liberté de choix.

Si les prises de position de l'organisation étaient réellement fondées sur la Bible, alors quelles que soient les souffrances qui pourraient résulter du fait d'être déterminé à soutenir ces positions, ces souffrances telles que les conséquences douloureuses d'un report ou d'un refus d'une intervention chirurgicale à cause de certaines inquiétudes ou incertitudes concernant le sang, voire même la perte de la vie résultant du fait d'avoir cru devoir refuser, par sentiment de fidélité à Dieu, tous les composants sanguins hormis ceux classés "autorisés" (...) pourraient être considérées comme étant simplement les souffrances qu'un serviteur de Dieu doit être prêt à affronter

Comme je l'ai déjà fait remarquer, la société Watch Tower fait reposer l'essentiel de son argumentation sur des textes que l'on trouve dans les écritures Hébraïques, et plus précisément sur les ordonnances de la loi Mosaïque. Etant donné que la société reconnaît que les chrétiens ne sont pas assujettis à cette loi, le texte que l'on trouve en Genèse chapitre neuf, versets 1 à 7, est fréquemment utilisé. Voici ce passage:

Ensuite Dieu bénit Noé et ses fils et leur dit: "Soyez féconds et devenez nombreux, et remplissez la terre. Et une crainte de vous et une terreur de vous demeureront sur toutes créatures vivantes de la terre et sur toutes créatures volantes des cieux, sur tout ce qui se meut sur le sol et sur tous les poissons de la mer. Ils sont maintenant livrés en votre main. Tout animals qui se meuvent et qui sont vivant pourront vous servir de nourriture. Comme pour la végétation verte, je vous donne tout cela. Seulement la chair avec son âme - son sang - vous ne devrez pas la manger. Et outre cela, votre sang de vos âmes, je le redemanderai. Je le redemanderai de la main de toute créature vivante; et je redemanderai l'âme de l'homme de la main de l'homme, de la main de chaque homme qui est son frère. Quiconque verse le sang de l'homme, par l'homme son propre sang sera versé, car à l'image de Dieu il a fait l'homme. Et quant à vous, soyez féconds et devenez nombreux, faites que la terre pullule de vous et devenez nombreux sur elle."

La société prétend que puisque tous les humains descendent de Noé et de ses fils, ces commandements continuent de s'appliquer à tout le monde. Elle laisse entendre que les ordonnances de la loi Mosaïque concernant le sang ne doivent, par conséquent, être considérées que comme de simples répétitions et développements de cette loi fondamentale instaurée précédemment, et qu'ainsi elles sont toujours en vigueur. Autrement, puisque les chrétiens ne sont pas sous la loi Mosaïque, il serait absurde de citer des textes issus de cette loi afin d'en revendiquer la pertinence dans le problème en question. La société affirme que le décret divin qui fut adressé à Noé concernant le sang, demeure à jamais valide.

Si cette affirmation est exacte, cela ne devrait-il pas être vrai aussi de l'autre commandement qui ordonne aux humains "d'être féconds et de devenir nombreux", et "de pulluler sur la terre et de devenir nombreux sur elle"? Et alors dans ce cas, comment la société Watch Tower peut-elle justifier le fait que, non seulement, elle encourage ceux des Témoins qui sont célibataires à préserver leur célibat, mais également ceux qui sont mariés à ne pas avoir d'enfants? Sous le titre "Les enfants aujourd'hui'; la Tour de garde du 1er mars 1988 (page 21) déclare qu'au regard du 'peu de temps qu'il reste" pour que soit effectuée l'oeuvre de prédication,"il convient que les chrétiens se demandent quelle conséquence le fait de se marier ou de mettre au monde des enfants, pourra avoir sur leur participation à cette oeuvre vitale." Le périodique reconnaît que la procréation est l'une des exigences que Dieu formula après le déluge, mais il déclare a la page 26 que: 'A proprement parler, la procréation ne fait pas partie de l'oeuvre que Jéhovah assigne aujourd'hui à son peuple----S'agissant donc d'une question personnelle, il appartient à chaque couple de décider s'il aura ou non des enfants en cette époque de la fin. Toutefois, puisque "le temps est court", les conjoints feraient bien de peser soigneusement, et dans la prière, les avantages et les inconvénients de la condition de parents à notre époque".

Si les paroles que Jéhovah adresse à Noé concernant la procréation et la fécondité peuvent être ainsi mises de côté, et Si l'on peut décréter qu'elles ne sont plus valables, comment peut-on inlassablement affirmer, par contre, que l'on doit considérer celles qui concernent le sang comme étant toujours en vigueur, et comment peut-on utiliser celles-ci comme support pour justifier, auprès des chrétiens d'aujourd'hui, la validité des ordonnances de la Loi Mosaïque à propos du sang?

Toutefois il y a plus grave encore, c'est le fait qu'on fasse dire à ce texte quelque chose de totalement différent de ce qu'il veut dire en réalité. Toute lecture de ce passage fait apparaître très clairement qu'ici, Dieu ne parle du sang que par rapport à l'abattage d'animaux et ensuite par rapport au meurtre d'êtres humains. En ce qui concerne les animaux, leur sang devait être versé à terre afin d'indiquer ostensiblement que la vie qui était ainsi sacrifiée (à des fins alimentaires), ne pouvait l'être que grâce à une permission divine et non pas en vertu d'un droit naturel. Et pour ce qui est des humains, l'homme qui versait le sang de son semblable devait payer cet acte de sa vie, car la vie humaine étant un don de Dieu, personne n'avait le droit de disposer à volonté de la vie d'autrui. Le sang versé des animaux abattus ou des humains assassinés représentait la vie que ceux-ci avaient perdue. Cela est vrai aussi des textes de la Loi Mosaïque qui sont régulièrement cités et qui demandent que le sang soit "versé à terre." Dans tous les cas, ces versets font référence au sang d'animaux qui ont été abattus. Le sang représentait la vie qui avait été retranchée et pas la vie encore présente dans l'animal.

Les transfusions sanguines ne sont en aucun cas effectuées avec du sang provenant d'animaux abattus ou d'humains assassinés, le sang est issu d'un donneur vivant qui, ensuite, continue à vivre. Au lieu de signifier la mort de quelqu'un, un tel sang est destiné à une finalité diamétralement opposée, à savoir la préservation de la vie. Cela ne veut pas dire que la transfusion sanguine constitue une pratique médicale souhaitable ni qu'elle offre d'indéniables avantages, mais cela montre simplement qu'il n'existe aucun rapport réel ni aucun vrai parallèle entre le mandement de la Genèse concernant la mise à mort d'un animal et le fait que l'on ne devait pas manger son sang, et l'utilisation du sang lors d'une transfusion. Le paralléle n'existe tout simplement pas.

En décembre 1981, un homme qui étudiait avec les Témoins de Jéhovah écrivit à la société Watch Tower afin de lui faire part des difficultés qu'il rencontrait pour harmoniser les prises de position de l'organisation avec les textes des Ecritures. Les remarques qu'il fait à propos de ces textes se révèlent comparables à celles que je viens de formuler:

Ainsi, il me semble que les passages qui sont cités montrent que l'interdiction biblique de manger du sang ne fait référence qu'à une seule catégorie de situation, celle ou un homme tue un animal et fait usage de son sang en négligeant de faire retourner celui-ci à Dieu qui, seul, à le droit d'ôter la vie.

Néanmoins, je fus surtout frappé par ce passage qui se trouvait à la fin de sa lettre:

Un autre point qui a trait à la même question et qui me pose problème, c'est que les Témoins de Jéhovah disent que Dieu interdit que l'on mange du sang parce que celui-ci symbolise la vie; ils expliquent que cette dernière est d'une grande valeur aux yeux de Dieu et qu'au travers de l'interdiction de manger du sang, Dieu désire que l'homme devienne pleinement conscient de la valeur de la vie. Et ceci me semble tout à fait juste. Toutefois j'ai du mal à comprendre comment le symbole pourrait avoir une plus grande valeur que la chose qu'il symbolise. Il est un fait que, dans la plupart des cas, les transfusions sanguines sont d'une utilité discutable et elles peuvent même se révéler dangereuses, cependant, dans un très petit pourcentage de cas, la transfusion est l'unique moyen qui permet de maintenir une personne en vie jusqu'à ce qu'un autre traitement lui soit administré; ceci est vrai, par exemple, lors d'une grave hémorragie interne qui ne peut être immédiatement stoppée. Il me semble qu'en de telles circonstances, laisser mourir une personne afin de préserver le symbole de la vie est une contradiction en soi, et équivaut à attribuer plus d'importance au symbole qu'à la chose qu'il symbolise. De même que les Témoins de Jéhovah, je suis pleinement convaincu qu'un vrai chrétien se doit d'être prêt à donner sa vie, si la situation l'exige. Mais donner sa vie alors que Dieu ne le demande pas ou ne le souhaite pas vraiment, ne me semble pas être un acte ayant une grande valeur.

En définitive, utiliser des lois qui ordonnent que le sang soit versé à terre afin de condamner le stockage du sang, c'est méconnaître le but déclaré de ces lois. Si l'on s'en tient au contexte, les Israélites avait l'ordre de verser à terre le sang des animaux abattus afin d'empêcher que celui-ci soit mangé et non afin d'empêcher qu'il soit stocké. La question du stockage n'est tout simplement pas ce qui était en cause. Faire usage de ces lois, de cette façon là, est non seulement illogique, mais cela s'avère être également une pure manipulation de l'évidence et une démonstration de la manière dont on peut tordre le sens des textes, ceci dans le but de leur faire dire ce qu'en aucun cas ils ne disent ni même ne sous-entendent.

Etant donné que les chrétiens ne sont pas tenus d'obéir à un code de lois, mais qu'ils sont soumis à la "loi royale de l'amour" et à la "loi de la foi", ces points méritent certainement qu'on les médite avec sérieux.

Démontre-t-on vraiment que l'on est attaché au caractère inestimable de la vie, quand on permet à des prises de position arbitraires de prévaloir lors de circonstances aussi cruciales? Exprime-t-on un réel amour pour Dieu et pour son prochain quand on impose ces positions sans qu'il soit possible de les justifier par des instructions claires et précises venant de la parole de Dieu?

Je reviendrai plus tard, dans ce chapitre, sur les évidences scripturales qui démontrent que ces conseils n'avaient nullement valeur de loi. Ce point est capital étant donné que la société utilise ce passage comme argument principal pour affirmer que les ordonnances de la loi Mosaïque concernant le sang, sont transposables au Christianisme. En attendant d'approfondir cette question, on peut déjà dire que cette exhortation à "s'abstenir du sang" fait clairement référence à l'acte qui consiste à manger du sang. D'ailleurs, la Tour de Garde du 15 septembre 1978 (page 23), cite le professeur Eduard Meyer qui explique que dans ce texte il faut, par le mot 'sang'; entendre "la consommation de sang qui fut interdite par la loi imposée à Noé (Gen 9:4) et donc également à l'humanité tout entière". Une telle "consommation" équivalait à manger du sang.

Ainsi, la question essentielle qui se pose est celle-ci: peut-on démontrer que la transfusion sanguine est une manière de "manger" du sang comme le prétend l'organisation Watch Tower? Il n'existe, en réalité, aucune base solide permettant d'affirmer une telle chose. Bien entendu, on connaît le procédé médical qui consiste à "nourrir" une personne par "voie intraveineuse", à cet effet on utilise certaines préparations liquides qui contiennent des nutriments tel que le glucose, et celles-ci sont injectées dans les veines de la personne afin de l'alimenter. Cependant, comme cela est bien connu du corps médical et comme l'a parfois admis la Société Watch Tower, une transfusion sanguine n'est pas une façon d'absorber de la nourriture par voie intraveineuse; elle n'est, en fait, qu'une transplantation (d'un tissu liquide) et pas l'injection d'un nutriment. Dans le cas d'une transplantation rénale, le rein n'est pas; utilisé comme nourriture par le corps qui le reçoit. Il continue d'être un rein et conserve la même forme et la même fonction. Cela est également vrai en ce qui concerne le sang.

Quand celui-ci est "transplanté" d'un corps à un autre, il n'est pas "mangé" comme le serait une nourriture. Il garde ses caractéristiques de tissu liquide avec la même forme et la même fonction. Les cellules du corps ne peuvent pas utiliser du sang transplanté comme nourriture. Pour que le sang devienne une nourriture, il faudrait d'abord qu'il passse par le système digestif et qu'il soit transformé de manière à ce que les cellules puissent l'assimiler --- ainsi donc, il faudrait qu'il soit effectivement et littéralement mangé pour pouvoir servir de nourriture.

Quand des médecins pensent qu'il est nécessaire de procéder à une transfusion sanguine, ce n'est pas parce que le patient est sou alimenté Dans la plupart des cas, c'est parce que la personne manque, non pas de nourriture mais d'oxygène, ce déficit provenant d'une insuffisance du nombre des vecteurs qui ont pour fonction de transporter l'oxygène, à savoir les globules rouges. Il arrive aussi qu'on administre du sang afin d'apporter à l'organisme d'autres éléments tels que les facteurs de coagulation (comme les plaquettes), tels que les immunoglobulines contenant des anticorps, ou bien d'autres éléments encore, mais une fois de plus il faut répéter que cela ne constitue pas un moyen de "nourrir" quelqu'un.

Dans ses efforts pour contourner le fait évident que la transfusion de sang n'est pas une manière de manger du sang, que celle-ci n'a pas pour but de "nourrir" le corps, la société Watch Tower s'efforce régulièrement et de façon arbitraire, de noyer le problème en couplant ou même en remplaçant le terme "nourrir" par l'expression "entretenir la vie." Cette manoeuvre de diversion à pour seul objet d'embrouiller les choses. Nourrir le corps en mangeant et entretenir la vie du corps sont deux choses différentes. Manger n'est que l'un des moyens d'entretenir la vie. Nous entretenons notre vie de bien d'autres manières, qui toutes s'avèrent aussi vitales les unes que les autres, on peut prendre pour exemple le fait de devoir respirer, de devoir boire de l'eau ou d'autres liquides, de devoir maintenir la température du corps à un niveau acceptable, de devoir dormir ou se reposer. Quand elles abordent la question du sang, les écritures, elles-mêmes, ne font pas allusion à l'ensemble des choses nécessaires à "l'entretien de la vie", elles font uniquement référence à l'acte bien spécifique qui consiste à manger du sang et très clairement à l'acte qui consiste à manger le sang d'animaux abattus.

Quand un Israélite mangeait de la viande qui contenait du sang, il n'était pas tributaire du sang pour "entretenir" sa vie, la viande seule pouvait très bien lui permettre d'atteindre ce but, qu'elle soit saignée ou non. Que sa vie soit "entretenue" par le fait de manger ou de ne pas manger du sang, n'était pas le problème dont il était question. C'est l'acte de manger du sang qui était interdit, et les lois relatives au sang n'avaient pas pour objet de traiter des motivations qui poussaient quelqu'un à en manger, ni des conséquences résultant d'un tel acte.

La confusion que l'organisation Watch Tower introduit dans les esprits en choisissant d'utiliser, de manière injustifiée, le concept "d'entretien de la vie", lui permet d'imposer auprès de ses membres, l'idée que toute personne qui accepte une transfusion sanguine fait montre de mépris à l'égard du sacrifice rédempteur du Christ qui versa son sang en rançon pour l'humanité. On peut constater la duplicité de cette manière de raisonner par le fait que les composants sanguins qui sont déclarés acceptables par l'organisation Watch Tower sont, le plus souvent, précisément administrés afin de sauver ou "d'entretenir" la vie des personnes concernées, c'est le cas avec les Facteurs VIII qui sont prescrits aux hémophiles, ou avec les immunoglobulines qu'on injecte pour traiter certaines maladies qui mettent la vie en danger, ou pour éviter la mort d'un petit enfant souffrant d'incompatibilité rhésus.

C'est être injuste et c'est faire preuve de manque d'amour que de mettre en cause les motivations de ceux qui s'efforcent de sauver leur vie ou la vie de ceux qu'ils aiment, que de les accuser de ne pas agir avec foi, cela parce qu'ils ne se plient pas à certaines règles et interdictions provenant d'une organisation religieuse, alors qu'en fait il n'existe aucune base solide, qu'elle soit scripturale ou autre, qui puisse justifier de telles accusations. On cherche là, à leur faire porter le fardeau d'une culpabilité qui n'est générée que par des points de vue humains et non par les critères de Dieu.

"S'abstenir du sang"

La lettre qui fut rédigée par les apôtres et par les anciens de Jérusalem et que l'on trouve dans le chapitre 15 du livre des actes, utilise le terme "s'abstenir" à propos des choses sacrifiées aux idoles, du sang, de ce qui est étouffé et de la fornication. Le terme Grec qui est employé (apékhomai) signifie fondamentalement "se tenir à l'écart de." Les publications de la Watch Tower laissent entendre que, pour ce qui est du sang, ce terme est à prendre dans un sens absolu et qu'il englobe toutes les acceptions. Ainsi, le livre .Vous pouvez vivre éternellement sur une terre qui deviendra un paradis déclare à la page 216: "s'abstenir du sang, signifie refuser de l'absorber de quelque façon que ce soit" Pareillement, la Tour de Garde du 1er mai 1988 déclare à la page 17: "Ceux qui suivaient les traces de Jésus ne pouvaient donc pas absorber de sang, que ce fût par voie orale ou de toute autre façon". Mais ce terme, tel qu'il est utilisé dans les écritures, emporte t-il vraiment le sens absolu que lui prêtent ces publications? Ou bien ne doit-il pas plutôt être pris dans un sens relatif, n'ayant qu'une application spécifique et limitée?

Que ce terme puisse ne pas s'appliquer de manière absolue mais de façon spécifique et bien définie, on peut le constater en examinant d'autres passages où il est également utilisé, par exemple en I Timothée 4:3. Ici, Paul avertit Timothée que certains enseignements pernicieux seraient introduits dans la congrégation par de prétendus chrétiens, ces derniers "interdisant de se marier et prescrivant de s'abstenir d'aliments que Dieu a créés pour être pris avec action de grâces." De toute évidence, Paul ne voulait pas dire que ces hommes ordonneraient aux chrétiens de s'abstenir totalement, et de toutes les façons, de tous les aliments créés par Dieu. Cela aurait signifié une totale privation de nourriture avec la mort pour conséquence. Il est clair que Paul ne faisait allusion qu'aux aliments spécifiquess qui seraient proscrits par ces hommes, ces aliments étant manifestement ceux qui étaient interdits sous la loi Mosaïque.

De même, on trouve cette exhortation en I Pierre 2:11:

"Bien-aimés, je vous exhorte, comme des étrangers et des résidents temporaires, à continuer de vous abstenir des désirs charnels qui combattent contre' I'âme."

Si l'on devait prendre cette expression de manière littérale, dans un sens absolu, cela signifierait que l'on ne pourrait satisfaire aucun désir charnel, quel qu'il soit. Ce n'est assurément pas là, le sens des paroles de l'apôtre. Nous éprouvons tous de nombreux "désirs charnels", tel que le désir de manger, de respirer, de dormir, de se divertir, de même qu'une multitude d'autres désirs qui sont tous parfaitement convenables et légitimes. Ainsi, "s'abstenir des désirs charnels" doit être compris à la lumière du contexte qui entoure ces paroles, celui-ci ne faisant pas référence à tous les désirs charnels, mais seulement à ceux qui sont malfaisants et impurs et qui, effectivement, "combattent contre l'âme."

Par conséquent, la question qui se pose est celle-ci:dans quel contexte, Jacques ainsi que le concile apostolique, utilisent-ils l'expression "s'abstenir du sang"? Le concile s'était tout spécialement réuni afin de statuer sur le problème posé par certains chrétiens juifs qui exigeaient des chrétiens Gentils, que non seulement ils se fassent circoncire mais qu'en plus "ils observent la loi de Moïse." C'est ce problème, celui de l'observance de la loi, que l'apôtre Pierre aborda devant l'assemblée quand il compara la loi à un "joug" pesant. Aprés que Jacques eut exposé, devant l'assemblée, ses recommandations à l'adresse des chrétiens Gentils, ces derniers étant exhortés à s'abstenir des choses contaminées par les idoles, de la fornication, de ce qui est étouffé, et du sang, il ajouta ceci:

Car depuis les temps anciens, Moïse a de ville en ville ceux qui le prêchent, parce qu'on le lit à haute voix chaque sabbat, dans les synagogues.

De toute évidence, les recommandations de Jacques tenaient compte de ce que les gens entendaient quand "Moïse était lu" dans les synagogues. Jacques savait que par le passé il y avait eu des Gentils, "des gens des nations", qui avaient vécu sur la terre d'Israël, qui avaient résidé au sein de la communauté Juive. Quelles avaient été les contraintes imposées à ces gens par la loi Mosaïque? Ils n'étaient pas obligés de se faire circoncire, mais ils étaient obligés de s'abstenir de certaines pratiques qui sont détaillées dans les chapitres 17 et 18 du livre du Lévitique. La loi spécifiait que, tout comme les Israélites, les "résidents étrangers" se trouvant parmi eux devaient s'abstenir de pratiquer des sacrifices idolâtres (Lévitique 17:7-9), de manger du sang, ce qui incluait le sang d'animaux étouffés non saignés (Lévitique 17:10-16), et de se livrer à des pratiques sexuelles déclarées immorales (ce qui incluait l'inceste et l'homosexualité). Lévitique 18:6-26.

Alors que la nation d'Israël était à présent sous contrôle Gentil, et tandis qu'un grand nombre de Juifs vivaient dans différents pays étrangers (cette situation étant connue sous le nom de "Diaspora", ce qui veut dire: "ceux qui sont dispersés"), Jacques savait que dans de très nombreuses villes de l'empire Romain, la communauté Juive était comme un microcosme reflétant la situation de la Palestine d'autrefois, et que de ce fait il était tout à fait coutumier que des Gentils fréquentent les synagogues des Juifs et qu'ainsi ils se mêlent à eux.

Les premiers chrétiens eux-mêmes, qu'ils soient Juifs ou Gentils, continuaient de fréquenter les synagogues Juives, et nous savons même que Paul et que d'autres chrétiens prêchaient et enseignaient souvent en ces lieux. Le fait que Jacques mentionne l'habitude qu'avait les Juifs de lire Moïse dans leurs synagogues, donne une bonne raison de croire que lorsque, immédiatement auparavant, il avait énuméré les choses dont devraient s'abstenir les chrétiens Gentils, il avait alors à l'esprit les interdits que la loi Mosaïque imposait autrefois aux Gentils qui résidaient au sein de la communauté Juive. Non seulement, Jacques énumère très exactement les même choses que l'on trouve dans le livre du lévitique, mais de plus, le verset 29 reprend très précisément cette liste dans le même ordre que celui suivit par le lévitique, c'est à dire: s'abstenir des sacrifices idolâtres, du sang, de ce qui est étouffé (donc des animaux non saignés) et de l'immoralité sexuelle.

Jacques recommanda aux croyants Gentils d'observer ces mêmes interdictions, et il est évident que ces recommandations s'expliquent par les circonstances du moment, à savoir que les rassemblements chrétiens regroupaient un mélange de Juifs et de Gentils et que, de ce fait, il était nécessaire de veiller à préserver la paix et l'harmonie de la communauté. Quand les chrétiens Gentils furent exhortés à "s'abstenir du sang", il est clair que cette exhortation n'était pas à prendre dans un sens absolu, mais dans le sens bien spécifique de s'abstenir de manger du sang, cette pratique étant répugnante aux yeux des Juifs. Faire dire à ce texte davantage que ce qu'il dit, et s'efforcer de faire du sang lui-même une sorte de "tabou", revient à sortir ce passage de son contexte scriptural et historique, et équivaut également à lui attribuer d'autorité, un sens qu'en réalité il n'a aucunement.

Il est à noter que des choses telles que le meurtre ou le vol ne sont pas mentionnées parmi les interdictions énumérées par Jacques. Ces choses étaient déjà condamnées aussi bien par les Gentils en général que par les Juifs. Mais les Gentils toléraient effectivement l'idolâtrie, ils toléraient effectivement la pratique consistant à manger du sang ou des animaux non saignés, ils toléraient aussi l'immoralité sexuelle, et il existait même des "temples de prostitués" qui étaient associés à leurs lieux de culte. Ainsi donc, ces interdictions visaient directement certaines pratiques des Gentils qui, si elles avaient été introduites au sein de la communauté chrétienne, auraient sans nul doute gravement offensé les juifs, devenant ainsi une source de mésententes et de troubles. La loi Mosaïque n'avait pas exigé qu'afin de pouvoir vivre tranquillement parmi les Israélites, les résidents étrangers se fassent circoncire, et Jacques ne demanda pas cela non plus.

La lettre qui fut écrite après que Jacques ait formulé ses recommandations, s'adressait spécifiquement aux chrétiens Gentils les "gens des nations," ceux-ci résidaient à Antioche, en Syrie et en Cilicie (des territoires jouxtant le nord d'Israël) et, comme nous l'avons vu, cette lettre traitait du problème particulier que posait la tentative de certains d'exiger des croyants Gentils qu'ils "observent la loi de Moïse." Elle traitait des comportements qui, très probablement auraient généré des difficultés entre croyants Juifs et croyants Gentils. Comme je le démontrerai un peu plus loin, rien n'indique que cette lettre avait pour objectif d'être considérée comme une "loi," comme si les quatre interdictions formaient un "Quadri logue" remplaçant le "Décalogue" ou Dix commandements que l'on trouve dans la loi Mosaïque. Elle n'avait pour autre ambition que d'apporter une réponse spécifique à la situation spécifique qui prévalait à ce moment de l'Histoire.

Traitements de faveur

A l'époque où je faisais partie du collège central, je ne pouvais m'empêcher d'éprouver le sentiment qu'il existait une certaine discrimination dans la façon dont l'organisation faisait appliquer ses principes, cette différence de traitement se manifestant en faveur des personnes qui exercent certaines professions. Les professeurs peuvent enseigner l'évolution à leurs élèves, faisant cela d'un "point de vue purement objectif", après avoir, de préférence, exposé leur opinion personnelle. Les avocats sont libres de travailler pour le compte d'un candidat politique qui fait campagne en vue d'une élection. Cependant, ce qui peut-être mérite le plus d'être noté, c'est que les médecins peuvent non seulement appartenir à des organisations médicales qui approuvent des pratiques telles que les transfusions sanguines et l'avortement, mais on leur dit aussi qu'ils peuvent personnellement procéder à des transfusions sanguines sur des patients qui ne sont pas Témoins et qui en font la demande. Cela est justifié par le passage de la loi Mosaïque qui autorisait les Israélites à vendre aux étrangers de la viande provenant d'animaux qui n'avaient pas été saignés! Toutefois, le sang de ces animaux se trouvait toujours dans leur corps qu'il n'avait pas quitté, ce sang n'avait pas été extrait et stocké un procédé que condamne l'organisation, le présentant comme une manifestation de mépris envers la loi de Dieu. Toutes ces vigoureuses exhortations pressant à faire montre d'un "profond respect envers le caractère sacré du sang", toutes ces mises en garde contre le risque de se rendre coupable d'une quelconque mauvaise utilisation du sang, tous ces arguments condamnant tout stockage de sang, présentant celui-ci comme une preuve de mépris à l'égard des lois de Dieu, perdent soudainement toute force quand il est question des Témoins qui sont chirurgiens.

En toute sincérité et sans le moindre désir de rabaisser quiconque, quand je passe en revue toutes les règles et tous les règlements mis en place par l'organisation, toutes les ordonnances, toutes les prises de position et toutes les considérations d'ordre technique dont j'ai parlé, je ne peux pas ne pas penser que éi quelqu'un gérait ses affaires quotidiennes en adoptant le même mode de raisonnement que celui qui transparaît au travers de ces prises de position, on serait en droit de s'interroger sur l'équilibre mental d'une telle personne.

Pourquoi les gens acceptent-ils cela?

Paul parla, en son temps, de ceux "qui veulent être sous la loi." (Galates 4:21) C'est aujourd'hui encore, le cas de beaucoup de gens. A la différence des fervents du judaïsme qui vivaient à l'époque de Paul, les hommes, de nos jours, peuvent ne pas préconiser la soumission à la loi Mosaïque, toutefois, au travers d'une approche légaliste du Christianisme, certains transforment celui-ci en un code de lois, ils en font une succession de règles. Ils instaurent une forme d'asservissement à l'égard d'une multitude de règlements et de prises de position traditionnelles, puis c'est ce genre de réglementation qui détermine la nature des relations que les gens entretiennent avec Dieu.

Mais comment se fait-il que tant de personnes acceptent de se mettre sous un tel joug? Qu'est-ce qui amène les gens à renoncer à quelque chose d'aussi précieux que leur droit de faire usage de leur liberté de jugement, cela même quand ils ont à prendre des décisions qui concernent les aspects les plus personnels de leur vie. Qu'est-ce qui fait qu'ils acceptent de se soumettre aux interprétations et aux règles d'hommes imparfaits, cela même au risque de perdre leur travail, d'être emprisonnés, de faire subir à leur vie conjugale de redoutables tensions, au risque même de perdre leur vie ou de voir ceux qu'ils aiment perdre la leur?

Nombreuses sont les raisons qui peuvent expliquer cela. Il existe des personnes qui sont sensibles aux pressions de leur environnement social et familial, celles-ci trouvent alors, dans le conformisme, le moyen d'éviter toute querelle et tout conflit. D'autres encore sont paralysées par la seule crainte d'être rejetées par Dieu, par la seule perspective de leur éventuelle destruction, Si jamais elles s'avisaient de quitter "l'arche" salvatrice que représente l'organisation. Mais il existe une autre raison qui est probablement plus fondamentale et qui, le plus souvent, se trouve à la racine du problème.

La plupart des gens aiment qu'on leur dise ce qui est blanc et ce qui est noir; ils aiment qu'en toutes circonstances l'on définisse à leur place ce qui est bien et ce qui est mal. Il peut être difficile de prendre des décisions en s'appuyant sur sa propre conscience, parfois même, cela peut s'avérer angoissant. Beaucoup de personnes préfèrent ne pas faire cet effort, elles préfèrent tout simplement laisser quelqu'un d'autre leur dire ce qu'il faut faire et laisser ce quelqu'un devenir leur directeur de conscience. C'est cela qui, à l'époque de Jésus, permit le développement du pouvoir rabbinique et des traditions rabbiniques au sein du peuple Juif. Plutôt que de prendre leurs décisions après avoir interrogé la parole de Dieu et leur conscience personnelle, beaucoup de gens choisissaient la solution de facilité, celle-ci pouvant être résumée par l'expression: "Demande au Rabbin". Chez les Témoins de Jéhovah, cela est incontestablement devenu, "Demande à l'organisation", ou plus simplement: "Demande à Brooklyn."

Une autre raison réside dans la subtilité avec laquelle l'organisation avance et impose ses raisonnements et ses interprétations. L'attitude qui, dans le domaine religieux, consiste à mettre l'accent sur la loi, à savoir le légalisme, a de tout temps été caractérisée par l'utilisation de considérations techniques et de sophismes, c'est à dire des raisonnements qui ne sont pas seulement subtils mais également plausibles, et parfois même ingénieux --- mais qui, pourtant, sont faux. Pour démêler de tels raisonnements et pour être en mesure de les regarder pour ce qu'ils sont vraiment, il est nécessaire de faire des efforts, des efforts que beaucoup ne sont pas désireux de fournir et que d'autres semblent tout simplement incapables d'accomplir.

Considérez ces deux exemples qui sont tirés de très anciennes sources rabbiniques. Les "enseignants de la loi" s'efforcèrent autrefois de rendre plus explicite l'injonction que l'on trouve en Exode 16:29 ("Que personne ne sorte de l'endroit où il est, le septième jour!") Ils décidèrent que durant le sabbat, une personne ne pourrait parcourir qu'une certaine distance à partir des limites ultimes de sa ville ou de son village (soit 3000 pieds ou un peu moins d'un kilomètre). Cela était appelé "le chemin d'un jour de sabbat" (une expression qui était utilisée à l'époque de Jésus, voir Actes 1:12). Toutefois, il existait un moyen qui permettait à une personne d'effectuer un plus long trajet que celui-là, ce moyen demeurant parfaitement "légal" du point de vue rabbinique. Quel était-il?

La personne avait, en fait, la possibilité de se créer un second domicile dans quelque autre demeure de son choix (cette dernière ne devant pas se situer au-delà de la distance des 3000 pieds), et cela simplement en déposant dans cette nouvelle demeure, la veille du sabbat, les provisions nécessaires à la préparation d'au moins deux repas. Ainsi, le jour du sabbat, cette personne pouvait rejoindre ce second "domicile", puis elle le quittait afin d'ajouter 3000 pieds supplémentaires à son trajet.

Le commandement qui, en Jérémie 17:22, ordonnait aux Israélites de "ne faire sortir de leurs maisons aucune charge le jour du sabbat", a été pareillement dénaturé. Les enseignants de la loi jugèrent qu'il n'était pas interdit de transporter des charges d'un endroit à un autre d'une même maison, même si plus d'une famille habitait la maison. De ce fait, ils décrétèrent que les gens qui habitaient des maisons appartenant à un même secteur (comme celles qui étaient regroupées autour d'une cour commune) pouvaient construire une porte "légale" a l'entrée du quartier, ceci en installant, dans la rue, des montants de porte avec peut-être sur le dessus une poutre servant de linteau. De cette façon, C'est le quartier tout entier qui était considéré comme formant un seul domicile, et les marchandises pouvaient être transportées d'une maison à une autre sans que cela constitue une violation de la loi.

Comparons, à présent, cette manière de raisonner et cette façon d'utiliser des considérations techniques avec la méthode qu'emploie la société Watch Tower pour établir les règles qu'elle impose à l'égard de certaines pratiques médicales. Dans la rubrique "Questions des lecteurs", la Tour de Garde du 1er mars 1989 examine le procédé qui consiste à prélever puis à stocker, quelque temps avant qu'un patient ne se fasse opérer, une certaine quantité de son sang, ceci afin de pouvoir en disposer pendant ou après l'intervention. Le périodique déclare catégoriquement que les Témoins de Jéhovah "n'acceptent PAS ce procédé." Quelle est la raison de ce refus? Elle est que le sang "ne fait plus partie de la personne." Le passage de Deutéronome 24:12 qui stipule que le sang d'un animal abattu doit être versé sur le sol, est cité. Par quelque raisonnement, il est considéré que cette loi qui concerne les animaux abattus, présente un parallèle avec la situation où l'on stocke le sang d'une personne vivante, tel que cela vient d'être décrit.

Toutefois, l'article traite ensuite d'une autre technique médicale, celle où, durant l'opération, on fait passer le sang d'un patient au travers d'une pompe coeur-poumon ou d'une machine à hémodialyse (ou rein artificiel), ceci afin d'oxygéner ou de filtrer le sang avant que celui-ci ne retourne dans le corps du malade. L'article informe ses lecteurs que contrairement à la technique précédente, celle-ci est considérée comme pouvant être acceptée par un chrétien. Pourquoi? Parce que les Chrétiens peuvent la regarder comme "une extension de leur système circulatoire, extension qui permet à leur sang de passer dans un organe artificiel." Ils estiment ainsi que "le sang qui circule dans ce circuit fermé fait toujours partie de leur organisme et ne doit pas obligatoirement être versé".

Dans quelle mesure cette "extension" technique de l'appareil circulatoire est-elle différente du procédé adopté par le légalisme rabbinique qui, au moyen d'une considération technique, autorisait "l'extension" du chemin d'un jour de sabbat en permettant la création artificielle d'un second domicile? Ou bien dans quelle mesure cette image du "circuit fermé" est-elle différente de l'argument technique qui permettait aux juifs légalistes de construire une fausse porte afin de considérer que toutes les maisons d'un même quartier se trouvaient en "circuit fermé"? C'est le même genre de raisonnements casuistiques et la même sorte de considérations techniques et légalistes qui sont utilisés dans les deux contextes, l'ancien et le moderne.

Il est possible qu'au fond d'eux-mêmes, de nombreux Témoins aient le sentiment que la première méthode qui consiste à stocker le propre sang d'une personne, n'est pas davantage contraire aux écritures que celle qui consiste à faire passer le sang au travers d'une machine. Cependant, ces Témoins ne sont pas libres de suivre leur conscience individuelle. Même s'il se trouve que la vie d'une personne est en jeu, ce sont les raisonnements interprétatifs et les considérations techniques de la société Watch Tower qui doivent prévaloir, car ces choses font partie du "grand code de lois Théocratiques." Ne pas obéir signifierait risquer l'exclusion.

La Faiblesse de la Loi et la Puissance de l'Amour

Souvent la loi ne crée, chez les gens, que l'observance d'une discipline toute extérieure qui masque ce qu'ils sont réellement, au plus profond d'eux-mêmes. Ainsi, c'est grâce à leur "scrupuleux respect des règles de la loi" que les chefs religieux de l'époque de Jésus pouvaient "paraître justes aux yeux des hommes" alors qu'en fait il n'y avait en eux "qu'hypocrisie et désobéissance envers Dieu." Il en va toujours ainsi, de nos jours.

C'est à l'égard des comportements qui sont les plus intimement liés au coeur, que la loi se révèle être la plus inefficace. La loi peut identifier et punir un voleur. Mais elle est de peu d'utilité à l'encontre d'un homme qui, bien que respectueux des lois, s'avère être également avide et dont l'avidité et l'avarice sont une cause de souffrance pour autrui. La loi peut condamner un meurtrier et même permettre qu'il soit exécuté. Mais elle ne peut pas grand chose à l'encontre de l'homme qui nourrit, haine, jalousie, envie ou rancoeur et qui cherche à se venger; particulièrement si, pour ce faire, il fait en sorte d'utiliser des moyens "légaux." J'ai connu des hommes de cette sorte et certains occupaient de hautes fonctions.

Nous pouvons constater qu'il existe un contraste frappant entre la façon dont la pensée légaliste conçoit l'exercice de l'autorité, faisant reposer cette dernière sur un encadrement rigoureux ainsi que sur une multitude de règles et de réglements, et la façon dont l'apôtre Paul exerçait l'autorité dont il était investi, par exemple quand il met les chrétiens en garde contre toutes mauvaises actions. Tout au long de cette exhortation, il accorde une importance primordiale, non pas à la loi mais à l'amour. Voici ce passage que l'on trouve dans sa lettre aux Romains:

Ne devez rien à personne, sinon de vous aimez les uns les autres; car celui qui aime son semblable a accompli la loi. En effet, le code écrit: "Tu ne dois pas commettre d'adultère, Tu ne dois pas assassiner, Tu ne dois pas voler, Tu ne dois pas convoiter, et tout autre commandement qu'il puisse y avoir, se résume en cette parole, à savoir: "Tu devras aimer ton prochain comme toi-même." L'amour ne fait point de mal au prochain; l'amour est donc l'accomplissement de la loi.

A chaque fois que Paul eut à s'occuper d'un problème particulier, il démontra qu'il était entièrement acquis à ce point de vue. On en trouve un exemple significatif dans la façon dont il appréhenda le problème qui concernait les "choses sacrifiées aux idoles" (l'une des quatre interdictions mentionnées dans le chapitre 15 du livre des Actes). Il existait à Corinthe de nombreux temples voués à l'adoration de divinités païennes. Chacun de ces temples était dédié à une idole particulière et il était coutumier que l'on offre de la viande animale en sacrifice à l'idole. Cette viande était ensuite préparée et servie (contre de l'argent) au cours de repas qui se tenaient dans l'enceinte du temple. Il arrivait que certains Chrétiens se rendent dans ces temples afin d'y manger de cette viande. Il est indubitable que lorsqu'un Chrétien allait manger en de tels lieux, beaucoup de ses condisciples, et surtout ceux qui était d'origine Juive, jetaient sur lui le même regard que celui que les Témoins de Jéhovah jetteraient aujourd'hui sur celle ou celui de leur co-religionnaire qui irait à la cathédrale Catholique Romaine St Patrick de New York pour participer à un dîner paroissial au cours duquel serait servie de la nourriture bénie par les prêtres, le prix du repas allant dans les caisses de l'église. Bien que le regard porte sur ce genre de démarche puisse être, dans l'un et l'autre cas, comparable, le problème auquel était confronté l'apôtre Paul était beaucoup plus sérieux. De quelle manière s'efforça t-il de régler la question?

Fit il peser sur ceux qui mangeaient cette viande, la menace de mesures judiciaires et d'une probable exclusion? Fit il appel à la loi et à tout un assortiment de règles pour enrayer cette pratique? Il expliqua, au contraire, que cet acte n'était pas condamnable en lui même, mais que, toutefois, il pouvait avoir des conséquences indésirables et même tragiques. C'est en se basant non pas sur la loi mais sur l'amour, que Paul apporta ses conseils, il écrivit ceci:

Nous savons que nous avons tous de la connaissance. La connaissance gonfle, mais l'amour édifie. Si quelqu'un pense être parvenu à connaître quelque chose, il ne connaît pas encore cela comme il faut le connaître. Mais Si quelqu'un aime Dieu, celui-là est connu de lui. Donc, pour ce qui est de manger des aliments offerts aux idoles, nous savons qu'une idole n'est rien dans le monde et qu'il n'y a pas d'autre Dieu, hormis un seul... Toutefois, cette connaissance n'est pas chez tous, mais quelques-uns ayant eu jusqu'ici l'habitude de l'idole, mangent l'aliment comme une chose qui a été sacrifiée à une idole, et leur conscience qui est faible se trouve souillée... Continuez à veiller toutefois, pour que votre droit ne devienne pas de façon ou d'autre une pierre d'achoppement pour les faibles. Car si quelqu'un te voit, toi qui as de la connaissance, étendu à table dans un temple d'idoles, sa conscience à lui qui est faible ne sera-t-elle pas édifiée au point de manger des aliments offerts aux idoles? Et de fait, par ta connaissance, celui qui est faible va vers sa ruine, ton frère pour qui Christ est mort. Or en pêchant ainsi contre vos frères et en blessant leur conscience qui est faible, c'est contre Christ que vous péchez.

Par conséquent, la décision d'un Chrétien de manger ou de ne pas manger de la viande ne devait pas dépendre d'une loi, ni avoir pour fondement son souci de ne pas se trouver en position de transgresseur d'une telle loi. Sa décision devait être fondée sur l'amour et sur son souci de ne pas nuire à son frère "pour qui Christ est mort;" c'était là assurément une approche bien supérieure, qui amenait un chrétien à révéler ce qu'il avait vraiment dans le coeur et qui était autre chose qu'une simple démonstration de soumission à une loi.

Ces conseils donnés par Paul prouvent également qu'il ne considérait pas que les décisions qu'avaient pris les apôtres lors du concile de Jérusalem (Actes chapitre 15) constituaient une "loi." Si ces décisions avaient eu force de Loi; jamais il n'aurait écrit aux Chrétiens de Corinthe comme il le fit; jamais il n'aurait déclarer que la consommation de viande offerte aux idoles était une question de conscience; jamais il n'aurait eu à expliquer que, dès lors, la question qui importait était de savoir Si cette consommation risquait, ou non, de faire trébucher quelqu'un. Considérer que la lettre qui fut envoyée de Jérusalem constitue une loi et, sur cette base, affirmer que le fait qu'elle fasse référence au sang indique que les Chrétiens restent assujettis aux ordonnances de la loi Mosaïque concernant le sang, équivaut manifestement à faire fi des déclarations de l'apôtre Paul à l'égard de cette question corollaire des "choses sacrifiées aux idoles;" des déclarations qui montrent qu'un tel raisonnement est erroné.

Si la consommation de cette viande n'avait pas constitué une probable cause d'achoppement pour certains, alors personne n'aurait eu le droit de juger le fait que Paul ou tout autre chrétien mangent une telle viande. C'est ainsi que Paul déclare:

Pourquoi, en effet, ma liberté serait-elle jugée par la conscience d'un autre? Si je prends ma part d'aliment en rendant grâce, pourquoi parlerait-on de moi en mal pour ce dont je rends grâce?

La liberté Chrétienne ne devrait jamais rendre quelqu'un insensible aux problèmes de conscience et aux scrupules d'autrui. Mais, en même temps, personne n'a le droit d'imposer aux autres sa propre conscience et, par là même, de fixer des limites à la liberté dont ils jouissent dans le Christ. Aucun groupe d'hommes ni aucun comité de "privilégiés", ceux-ci se proclamant détenteurs de l'autorité apostolique, n'a davantage le droit d'imposer son point de vue à la conscience des autres, ni, sous ce prétexte, de dicter quelque règle que ce soit.

J'ai expliqué, dans le chapitre qui précède, quelle est la différence entre une loi et un précepte; la première étant une règle obligatoire instaurée par une autorité souveraine, le second étant une formule qui exprime un enseignement et qui permet de mettre en valeur des principes. Jésus enseignait régulièrement au moyen de paraboles, c'est à dire des histoires qui n'avaient pas pour but d'établir des lois, mais de mettre puissamment en évidence la valeur de certains préceptes et principes moraux essentiels. La parabole du fils prodigue n'établit pas une loi qui définirait la façon de se comporter à l'égard d'un enfant rebelle, qui demanderait par exemple que l'on organise un banquet et ainsi de suite. Elle met en évidence une attitude empreinte d'amour, un point de vue généreux et miséricordieux. Les Ecritures associent différentes méthodes d'enseignement; il est exact qu'elles contiennent des injonctions formelles, mais on y trouve également des récits qui mettent en avant les modes de vie qui sont agréés par Dieu (vivre dans l'amour du prochain, entretenir des relations paisibles avec autrui); on y trouve aussi des réponses à des situations qui relèvent d'un contexte très précis; Paul, par exemple, fait en sorte de remédier à un certain nombre de situations de ce genre, mais il est clair que, ce faisant, il n'instaure aucune loi mais qu'à la place il donne des conseils judicieux et spirituels qui s'avèrent appropriés pour résoudre ces problèmes spécifiques.

Dans quelle mesure l'unité qui peut sembler régner au sein d'une organisation est-elle authentique?

Il est exact qu'en soumettant les gens à une stricte réglementation, il est possible de faire régner, parmi eux, une certaine unité et un certain ordre. Mais dans quelle mesure cette unité et cet ordre sont-ils authentiques? Ne serait-ce pas, plutôt, une uniformité et un conformisme? D'un autre côté, le refus de laisser certains hommes exercer --- au travers de leurs interprétations légalistes --- un pouvoir sur notre vie personnelle, ne conduit-il pas à rendre impossible toute unité et toute cohésion? Cela ne revient-il pas à laisser les gens se débattre dans leur coin, à les laisser cultiver l'indépendance, l'obstination et la suffisance? il n'est assurément pas nécessaire que les choses se passent ainsi et, d'ailleurs, elles ne le devraient pas; Si toutefois les personnes acceptent sincèrement la direction de Celui qui accorde la liberté Chrétienne.

De même qu'il nous est impossible d'aimer Dieu que nous ne voyons pas Si dans le même temps nous haïssons notre prochain que nous voyons, nous ne pouvons nous associer au fils invisible de Dieu si nous sommes en mauvais termes avec ceux qui le suivent également, Si nous sommes coupés de tous ceux qui se soumettent humblement à lui. D'après la Bible, c'est l'amour, et pas l'appartenance à une organisation qui est "un parfait lien d'union," parce que l'amour est longanime et bon, il n'est pas jaloux, il ne se vante pas, ne se gonfle pas d'orgueil, ne cherche pas son propre intérêt, mais recherche le bien d'autrui.

L'amour ne force pas les gens à s'investir dans des relations plus ou moins obligées; c'est l'enthousiasme que provoque l'amour qui attire les gens les uns vers les autres. Toute prétendue unité Chrétienne qui repose sur un autre fondement est fictive et n'a rien d'authentique; une telle "unité" ne peut être préservée qu'en faisant appel à des méthodes qui ne sont pas chrétiennes.

La Bénédiction que constitue la Liberté Chrétienne

Les Témoins de Jéhovah sont, à l'heure actuelle, soumis à une panoplie incroyablement complexe de règles qui, à bien des égards, dans leur vie et dans leur conduite, les prive de la possibilité de faire usage de leur conscience personnelle; ils deviennent ainsi les sujets d'un corps législatif ecclésiastique, d'une cour suprême composée d'une poignée d'hommes faillibles. En tant qu'ancien membre de cette cour et de ce corps législatif, je suis convaincu que la cause fondamentale de tous les problèmes réside dans le fait qu'il n'est pas reconnu que, en tant que Chrétiens, nous ne sommes plus sous la loi mais sous la miséricordieuse bonté de Dieu, grâce à Christ.

Grâce au fils de Dieu, nous pouvons goûter la joie d'être libérés d'un code de lois, nous pouvons prendre plaisir à vivre dans un esprit de justice qui est le fruit, non pas d'une soumission à des règles, mais de la foi et de l'amour.

Le fait de ne pas accepter cette disposition divine; le fait de douter qu'il soit effectivement possible pour une personne invisible, de diriger et de guider efficacement ses disciples qui sont sur la terre sans l'aide d'une organisation visible, hautement structurée, servant de haute cour religieuse; le fait d'avoir de la peine à croire que les gens peuvent vaincre le mal s'ils ne s'entourent pas d'une "barrière" de lois, de règles et de décrets --- explique que beaucoup de personnes soient choquées à l'idée de ne pas être soumises à des lois, cela explique aussi qu'elles considèrent cette éventualité comme étant non seulement irréaliste mais également dangereuse, pernicieuse et pouvant conduire à la permissivité. Un tel point de vue amène ces personnes a être facilement impressionnées et convaincues par les arguments de ceux qui souhaitent installer et imposer... selon les termes de la Watch Tower... une "structure légale représentant l'autorité," une autorité qui est détenue par des hommes et que ceux-ci veillent à "faire respecter" grâce à un système judiciaire religieux.

C'est parce que l'Esprit saint de Dieu, qui nous est accordé par l'intermédiaire de Jésus-Christ, est bien plus puissant que n'importe quelle loi, et parce que sa capacité à susciter chez les Chrétiens, l'amour pour Dieu et pour leur prochain, est bien supérieure à n'importe quel code de lois, que l'apôtre Paul a pu dire:

Mais Si vous êtes conduits par l'esprit, vous n' êtes pas sous la loi... le fruit de l'esprit, c'est l'amour, la joie, la paix, la longanimité, la bienveillance, la bonté, la foi, la douceur, la maîtrise de soi. Contre de telles choses il n'y a pas de loi.

C'est là, la grandeur de la liberté Chrétienne, qu'il nous soit permis de prendre plaisir à manifester librement et spontanément ces qualités divines, sans qu'aucune autorité religieuse n'ait le droit, ni de s'interposer, ni de censurer des actes qui sont motivés par l'amour ou par la bonté, qui sont le fruit de la douceur ou de toute autre qualité de ce genre.

C'est ainsi que peuvent vivre les Chrétiens sans qu'ils aient à s'inquiéter de quoi que ce soit, car ils ont conscience "qu'il n'y a pas de loi "et que nul assortiment de règles ne doit les empêcher d'accomplir les actions qu'ils savent, au plus profond d'eux-mêmes, être justes et appropriées, généreuses et empreintes d'amour, étant approuvées par Dieu, même Si dans le même temps elles sont désapprouvées par certains hommes.

C'est ainsi que peuvent vivre les Chrétiens sans qu'ils aient à s'inquiéter de quoi que ce soit, car ils ont conscience "qu'il n'y a pas de loi "et que nul assortiment de règles ne doit les empêcher d'accomplir les actions qu'ils savent, au plus profond d'eux-mêmes, être justes et appropriées, généreuses et empreintes d'amour, étant approuvées par Dieu, même Si dans le même temps elles sont désapprouvées par certains hommes.

Assurément, le fait que nous ne soyons assujettis a aucune loi, mais que nous soyons sous la miséricordieuse bonté de Dieu, ne diminue en aucune façon la responsabilité' qui est la nôtre en tant que disciples affranchis de Christ. En réalité, notre responsabilité n'en est que plus importante. En effet, nous savons que nous devons "parler et agir comme des gens qui vont être jugés (non pas par un quelconque code de lois ou par un ensemble de règles instaurées par des humains, mais par la loi d'un peuple libre (ou "loi de liberté" ) , car le jugement est sans miséricorde pour qui n'exerce pas la miséricorde, la miséricorde triomphante se glorifie aux dépens du jugement" Cette "loi de liberté" est celle dont parle le disciple Jacques un peu plus tôt dans sa lettre, il la qualifie alors de "loi suprême" ou "loi royale," c'est à dire: 'Tu dois aimer ton prochain comme toi-même."

C'est une sensation de fraîcheur retrouvée et un sentiment de grand réconfort que nous procure le fait de savoir que le jugement que portera sur nous notre père céleste, dépendra non pas de la façon dont nous aurons vécu au regard d'une loi ou d'un code de lois, mais de la place que nous aurons accordé à l'amour dans notre vie.

Le fils de Dieu, notre chef et notre maître, qui nous a affranchis de l'obligation de devoir nous soumettre à un code de lois, qui nous a libérés des chefs religieux humains et de l'emprise qu'ils exercent sur les hommes en les enfermant dans le carcan des lois, nous a montré, par son exemple, combien est capital cet amour du prochain.

Par conséquent, nous n'avons nul besoin de devoir assimiler la complexité d'une quelconque kyrielle de règles et de prises de position instaurées par une organisation, nous n'avons même pas à penser en termes de loi. Nous devons plutôt fixer nos pensées sur le fils de Dieu et sur ce que la Bible nous a appris à son sujet, ceci en nous efforçant de suivre, avec foi, son exemple dans notre vie personnelle.